dimanche 30 septembre 2012

L'île des pins


Me voilàᅠ revenu de mon périple dans l'île des pins accompagné d'Adrien, un petit jeune qui venait de corse.

Petit rappelle géographique pour ceux qui suivent (ou non), l'île se situe à 125km au sud de la grande terre. Nous embarquons dans le bateau à 6h30 du matin pour une traversée de 2H30. Il fait beau, la mer et calme, c'est parti pour l'aventure !


Mission de ce séjour, recharger les batteries, se redonner un peu d'élan pour m'accrocher à mon but et se faire un peu plaisir.
Dans les sacs à dos, de quoi manger pour ne pas avoir à manger au snack tous les jours, une tente et bien sûr le matériel nécessaire pour faire du snorkeling (masque et tubât pour voir les poissons des massifs coralliens).

En débarquant à Kanuméra, j'ai tout de suite senti l'atmosphère calme et paisible qui y régnait. D'ailleurs je pense qu'avec cette photo, vous n'aurez pas de mal à ressentir la même chose que moi.


Une multitude de parfums divers et variés emplissait mon nez, le chant des oiseaux s'ajouté au coté féérique de ce paysage somptueux qui s'offrait à nous. J'ai tout de suite senti que ce séjour serait riche en tous points.

Nous étions parti avec l'idée de parcourir l'île à pied, avec les sacs à dos et sans contrainte aucune. Du coup nous voilà parti sur la route et direction de Vao (à 6km de Kanuméra) où se trouve le seul distributeur d'argent de l'île car nous avons du payer les billets en liquide et que là où nous étions, on oublie la carte bleu comme mode de paiement. Au bout de même pas un kilomètre de marche, une femme s'arrête et nous demande où nous allions. Une métropolitaine qui était institutrice là-bas et qui allait chercher ses enfants à l'école de Vao, la seule de l'île.

Là bas ce qu'il y a d'assez impressionnant, c'est qu'il n'y a aucune clôture. J'ai appris plus tard en discutant avec un kanak que les parcelles ne sont pas clairement délimitées comme chez nous. Les limites se font par un arbre, un ruisseau ou la lisière d'un bois, pas besoin de se parquer chacun respecte le terrain de l'autre. Je ne suis plus toute à fait certaine du chiffre mais il me semble qu'il y a 8 tribus différentes sur l'île et chaque tribu représente une famille. Bon, la notion de famille est quelque peu différente de la notre mais je l'expliquerais une autre fois, c'est un peu long...

À Vao nous nous sommes installés sur une plage pour le déjeuné, cette petite île de 2000 habitants paraît presque déserte. Personne sur les plages ! Nous sommes bien loin des plages de la méditerranée où nous nous entassons l'été.






Adrien rêvait de manger une noix de coco fraiche sur la plage, chose assez facile ici, il y a des cocotiers partout ! L'ouverture fut moins aisée car je n'avais que mon couteau suisse mais à défaut de machette, il fait avec les moyens du bord et voilà le résultat !


Puis nous avons trouvé un petit snack pour boire un coup et charger nos gourdes d'eau car nous voulions passer la nuit sur la baie d'Oro, à environs 10km à l'Est de l'île. Tout est à des distances assez impressionnantes, les tribus s'étalent sur des kilomètres. Du coup, entre le distributeur et le snack qui se trouvaient tous les deux dans la même tribu, nous avons parcouru un peu plus d'1km.



Snack en plein air, sous une paillote, bien sur !

Une fois hydraté, nous voilà reparti ! Et là, pareil que la première fois, au bout de même pas 1km, un pick-up s'arrête, un kanak nous demande où nous allons. C'est sur sa route ! On charge les sacs à l'arrière et nous voilà reparti. Étrange hasard, c'était aussi un instit' ! Me voilà parti à discuter un peu avec lui et très vite la conversation tourne à la politique. Lui m'expliquait qu'il souhaitait voir le pays se développer que les quelques hôtels qui s'étaient installés sur l'île avaient permis de construire des routes en bitume, l'alimentation en électricité et d'amener le téléphone sur l'île. C'est assez drôle parce que du même coup il me dit qu'il y a UN point avec internet sur l'île. Quand je lui ai dit que je m'en passerai amplement pendant ces quelques jours il a parut surpris et m'a dit que c'était quelque chose que les blancs demandaient souvent.

Ils sont curieux ces "blancs", dans un endroit pareil, avoir envie de se raccrocher au monde moderne...

Nous arrivons au camping de "chez Regis" peu avant que la nuit tombe (Ici il fait nuit à environs 18h) et nous plantons notre campement au mieux d'une cocoteraie et encore une fois, nous sommes seul.

 La salle de bain

La Douche

La dame qui nous a accueilli faisait des petits repas pas trop cher, du coup nous avons décidé de manger un repas chaud le soir. D'autant que le coin restauration était assez sympa. Le repas était assez sobre, un peu de crudité, des crevettes au curry accompagné d'un peu de riz.

Le "resto" du camping
Le lendemain matin, nous levons vite le camp pour trouver la piscine naturelle qui se trouvait non loin de là. Comme des idiots, nous avions déposé nos sacs dans le restaurant où nous allions manger le midi et on a oublié nos maillots de bain... Pas grave, ça nous a fait une belle balade quand même et de toute façon, il y avait plein de gens.

Mais qu'à cela ne tienne, nous nous sommes rattrapés avec un bon plat de langoustes grillées, spécialité du restaurant que nous avions choisi.

Pas mal hein !?

Après une heure de digestion sur la plage, nous reprenons nos sacs pour se diriger vers le nord de l'île, dans la baie des crabes. À noter que l'île ne fait que 15 ou 20 km de long sur un peu moins de large.
Sur notre route, après avoir encore était pris en stop sans rien demander, nous nous sommes arrêté voir la grotte de la reine Hortense dont l'histoire dit qu'elle s'y soit réfugiée durant un conflit entre tribu. Dedans, des stalactites et stalagmites gigantesques !

Très peu de photo car le noir était quasi complet dans la grotte mais ceci est l'entrée

Nous continuons notre route et nous avons un peu moins de chance, pas une voiture ne passe et nous avons 10km à parcourir avant d'arrivée en ne sachant pas où nous allions dormir. Finalement un bus finit par nous prendre après une bonne heure de marche. Nous demandons aux gens qui s'y trouvent s'il y a des coins pour dormir là-bas et on nous indique deux endroits où l'on pourrait peut être planter notre tente.
Le premier était une vanilleraie que nous avons visité mais les gens semblaient peu enclins à nous laisser dormir là.

Les gousses de vanilles pas mûrs

Les plants de vanille

Alors nous avons poursuivi notre chemin jusque chez "Jacky", un sacré personnage ! C'est un des rares métropolitains à s'être installé sur l'île. Il occupe une terre kanak et est chargé de s'occuper du "Ranch". Enfin si on peut appeler ça un ranch, 5 chevaux dont 1 poulain et c'est tout.

La cabane de Jacky

Une maison en dur sous ce tas de planches qui tiennent par l'opération du saint esprit que cet homme de 70ans est en train de construire sans plan, ni aucune notion de construction. Il espère vivre tout en haut et faire le reste en "gîte".

Là aussi nous sommes assez surpris par les installations mais en même temps pour 500 francs (moins de 5 euros) par personne, on s'attend pas à un hôtel 4 étoiles.


La chambre

Encore la chambre

La salle de bain

Avec en bonus l'araignée dans les toilettes

Je n'ai pas tout vu mais il nous disait qu'il avait de quoi accueillir 21 personnes... Et en dehors de personnes comme nous qui recherchions un peu d'aventure et un retour aux sources, je vois mal des gens "normaux" s'installer là pour la nuit.

Le soir nous avons un peu discuté avec lui et il nous expliquait que ça faisait 12 ans qu'il vivait là et qu'il avait monté son ranch, qu'avant il avait 20 chevaux, que l'affaire marchait bien etc etc...
Bref, je pense qu'il fabulait un peu et j'en ai d'ailleurs eu la certitude plus tard.

Toujours est-il qu'il avait besoin d'un coup de main pour mettre l'électricité dans son château de carte et qu'Adrien avait envie de rester l'aider un peu appâté par toutes les belles promesses que Jacky lui laissait croire (repas de crabes le midi, escargots le soir, une balade à cheval le soir et la nuitée offerte). Moi j'étais un peu dubitative mais amusée par le personnage et touchée par sa solitude, nous avons décidé de rester.

Le matin Adrien a vite été mis au travail et moi je me suis baladée dans la forêt et la baie avoisinante.

À j'oubliais de dire que le cadre était quand même sympathique













La baie des crabes à marée basse

La baie des crabes à marée basse

Vers midi, je retourne là bas et Jacky me demande d'aller chercher les crabes "C'est facile, tu vas chez Marie de l'Assomption en passant par chez Marie Odile, il y a un chemin qui passe derrière les toilettes... blablabla"

Mon Dieu ! Je ne connaissais pas ces personnes et je ne comprenais rien au chemin qu'il m'indiquait ! 

Qu'importe, je me suis dis qu'il n'y avait pas énormément de maisons dans le coins et que je finirais bien par trouver. En chemin je croise la fameuse Marie Odile qui se baladait sur le chemin avec son bâton qui lui servait de canne. C'était une vieille femme de 81 ans qui n'avez plus assez de dents pour articuler correctement mais elle était ma foi fort gentille. 

Je lui demande où se trouve la maison de Marie de l'Assomption et elle décide de m'accompagner. On passe alors par chez elle, elle me montre sa maison ouvre les volets, je me demande alors si nous nous sommes bien comprise... On finit au bout d'un bon quart d'heure par repartir vers chez cette fameuse dame qui devait avoir les crabes. Arrivé chez elle, elle n'est pas là !

Je voulais raccompagner Marie Odile chez elle mais là, elle m'emmène cueillir des papailles en m'expliquant qu'il fallait aller plus vite que les oiseaux car en effet, ils en sont très frillant. Face à la gentillesse de cette femme, je n'ai pas su dire non.

Une fois la cueillette terminée, elle me dit qu'il fallait que je mange une papaille et elle m'emmène encore dans une autre maison. À première vue, il n'y avait personne et je la voyais faire comme si elle était chez elle. J'étais assez mal à l'aise étant donné qu'en plus, elle ne paraissait pas avoir toute sa tête. Un homme a fini par sortir de la maison, je lui raconte un peu mon histoire et il se met à rire de bon coeur et m'invite à m'asseoir. Me voilà soulagé.

Il m'explique que Marie Odile est comme ça avec toutes les personnes qu'elle croise et qu'elle prend plaisir à faire visiter la tribu. Il m'ouvre une papaille et nous discutons peut être 2 ou 3h. Il m'a raconté un peu le fonctionnement des tribus, les coutumes pour les mariages, les deuils et la discussion à fini par le sujet qui revient apparemment souvent, la politique. 
C'était assez drôle d'ailleurs parce qu'il me parlait des colons sans que j'ai l'impression d'être incluse dedans. Bref un après midi fort enrichissant.

Je suis rentrée chez Jacky vers 15h30 sans le repas du midi, du coup ce fut un repas aux conserves.
L'après midi, Jacky avait quelques clients pour faire des balades et quand le groupe excède 4 personnes, il suit le groupe en courant derrière les chevaux !

Et en fin d'après midi, la nuit commençait à tomber et il nous a emmené pour une balade à cheval. Ce fut un moment magique !
Nous sommes parti dans la forêt d'une densité tel qu'il y faisait presque tout noir. Nous avons fait des grands galops là dedans et j'avoue qu'il faut faire confiance en son cheval car on ne voyait pas par terre. Nous sommes arrivés dans une petite cocoteraie près d'une crique qui laissait apparaître la lune qui était presque pleine et qui se reflétait sur la mer. Voici quelques photos de mauvaise qualité mais il n'y avait qu'Adrien qui avait prit son Iphone.


C'est bien la lune et non le soleil que vous voyez

Nous avons finis la balade en longeant la baie, dans la mer ! Autant dire que je suis revenue trempé car, par moment, les chevaux (de petite taille) avaient de l'eau presque jusqu'au ventre. Je n'ai pas de mot assez fort pour décrire le bonheur que fut cette balade qui s'est offerte à nous par un concours de circonstances.

Une fois rentré, je suis partie avec Jacky chercher les escargots mais comme par hasard, la dame chez qui nous sommes aller n'en avait pas ! Du coup, encore des conserves !

Le lendemain matin nous devions repartir pour prendre le bateau dans la baie de Kanuméra à 17h. On sentait bien que Jacky ne voulait pas nous voir partir. Il nous inventait plein de projets plus fou les uns que les autres en nous trouvant une tâche apparti à chacun comme si nous pouvions faire fortune tous les trois. C'était presque touchant sauf qu'il fabulait avant même d'avoir pu avaler une gorgé de café et qu'il était dans un état d'excitation que je n'ai pas au réveil.

Petite cerise sur le gâteau, en voulant nous conduire là bas, il a pour je ne sais quelle raison (peut-être un acte manqué) roulé et coincé sa voiture sur une souche de cocotier en accrochant je ne sais pas trop quoi sous sa voiture qui faisait qu'il avait une belle gros fuite de gazole par le dessous.
Nous avons mis une bonne demi heure pour décoincer la voiture qui ne pouvait ni avancer, ni reculer, presque en équilibre sur cette souche... Mais nous avons fini par arriver en fin de matinée à bon port, c'est le cas de le dire !

Et pour finir le séjour en beauté, nous sommes allés nous baigner. C'est là que je me suis enfin décidé à combattre ma peur de mettre la tête sous l'eau. Je peux vous dire que ça valait l'effort ! 
Le roché sacré autour du quel j'ai fait du snorkeling







Après quelques tentatives de quelques secondes, je me suis retrouvée avec en face de moi, des dizaines de poissons multicolores. Pour ceux qui n'ont jamais vu ᅢᄃa, imaginez un massif corallien, qui ressemble à un récif montagneux aride vu du ciel, avec dedans des poissons, ceux qu'on voit dans Némo ou dans l'aquarium d'eau chaude de chez votre dentiste ! Et bien la peur fut vite remplacée par de la fascination ! Voir tout ça avec juste un masque et un tubât...
Maintenant j'ai hâte de faire mon baptême de plonger !


Quelques photos en vrac




Pousse de cocotier


Pousse de cocotier


Une fougère géante


Et son tronc atypique 


PS : CLIQUER SUR LES PHOTOS POUR LES VOIR BIEN CAR ELLES SONT COMPRESSÉES ET DONC MOCHE SUR LA PAGE.

lundi 24 septembre 2012

Changement de programme


24.09.12

Me voilà arrivée depuis maintenant une semaine, j’ai vu, entendu et vécu quelques événements qui m’ont fait pas mal réfléchir et par la suite fait changer mes projets.

Depuis mon arrivée j’ai ressenti quelque chose qui me mettait assez mal à l’aise lorsque je me baladais en ville. Il y a comme une atmosphère assez pesante qui y règne et je n’arrivais pas à m’expliquer ce sentiment. Au début je l’ai mis sur le coup de la nouveauté, sur le fait que je débarquais dans un endroit complètement inconnu. Puis à mesure de la découverte de la ville, j’ai pu noté les différences entre quartiers. Certains quartiers sont nettement plus « bourgeois » alors que dans d’autres on perçoit bien plus la misère. Vendredi soir je suis sortie avec des gens de l’auberge et je crois que c’est là où j’ai vraiment compris ce qui me posait problème. Et oui, il y a des coins réservés aux métros et d’autres réservés aux kanaks.

Et le cas de conscience qui se posé à moi fut soudain évident. J’étais le colon !

On comprend bien mieux l’histoire du pays lorsqu’on y est. Et je comprends la colère des kanaks à qui ont à volé leurs terre et qui aujourd’hui, pour travailler, se retrouvent à faire les basses tâches que les métros ou les caldoches ne veulent pas faire. L’argent est très mal redistribué et certains s’en mettent plein les poches tandis que d’autres travaillent dur pour un salaire de misère.

Le but de mon voyage n’est pas de m’installer quelque part et de mettre des œillères pour vivre comme si j’étais en métropole. Je n’ai pas envie de vivre dans un quartier de « blanc », de sortir dans des boites de « blanc » (surtout qu’à Paris je n’aimais déjà pas ce genre d’endroit) et de profiter des week-end pour découvrir le pays. C’est un peu grossi la manière dont je le présente mais à peine.

Pour avoir discuté avec des personnes qui partagent le même point de vu que moi, j’en suis arrivée à la conclusion qu’il était préférable de quitter Nouméa et soit de partir en brousse, soit partir dans les îles. Le climat social y est plus apaisé et on y retrouve plus d’authenticité dans les rapports sociaux. Du coup je vais reprendre de zéro mes recherches de travail et faire marcher les contacts que l’on m’a donnés. Je croise les doigts pour que ça marche vite parce que, je ne pensais pas que je pourrais dire ça un jour, mais il me tarde de retravailler.

Pour conclure là dessus, je pense que nous avons apporté des « besoins » à une population qui vivait avec ce que la nature lui offrait. Que nous extrayons la richesse de cette terre sans en faire profiter ceux à qui elle appartient.

Après, ceci est mon ressenti du moment, je ne sais pas si tout le monde ici voit les choses comme moi et c’est pour ça que je vais continuer mon exploration dans ce domaine.


Sinon je suis partie  avec des gens de l’auberge pour le week-end à Yaté qui se trouve à environs 80km à l’Est de Nouméa. Et là je me suis senti revivre ! La nature est de toute beauté là-bas ! Nous avons dormi dans un camping sous les cocotiers et en bord de mer. Puis le lendemain nous sommes allés marcher un peu pour se trouver un petit coin sympa pour pique-niquer et se baigner. Je vous laisse apprécier la beauté des paysages… 

 Un des oiseaux de l'auberge

 Route de Yaté



 Plage en bas du camping de Yaté

 Pas évident de prendre racine



 Ce qui se passe derrière la plage

 Lac de Yaté

 Petit spot baignade

 Même pas froide